Retrouvez-nous en personne à l’INHA et à distance via Zoom pour cette onzième séance du 𝗦𝗲𝗺𝗶𝗻𝗮𝗶𝗿𝗲 𝗧𝗲𝗹𝗲-𝗩𝗶𝘀𝗶𝗼𝗻𝘀, le 𝟰 𝗱𝗲𝗰𝗲𝗺𝗯𝗿𝗲 𝗱𝗲 𝟭𝟴𝗵 𝗮 𝟮𝟬𝗵 𝗲𝗻 𝗦𝗮𝗹𝗹𝗲 𝗕𝗲𝗻𝗷𝗮𝗺𝗶𝗻, 𝗜𝗻𝘀𝘁𝗶𝘁𝘂𝘁 𝗡𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝗮𝗹 𝗱’𝗛𝗶𝘀𝘁𝗼𝗶𝗿𝗲 𝗱𝗲 𝗹’𝗔𝗿𝘁 (6 rue des Petits Champs, Paris 2e).
Nous sommes enchanté·e·s d’accueillir Marie Sandoz (UNIL) et Clara M. Royer (Paris 1) pour une séance captivante autour des intersections entre art et satellite. Ne manquez pas cette séance !
𝗠𝗮𝗿𝗶𝗲 𝗦𝗮𝗻𝗱𝗼𝘇 (Université de Lausanne), 𝗗𝘂 𝗩𝗶𝗹𝗹𝗮𝗴𝗲 𝗴𝗹𝗼𝗯𝗮𝗹 𝗮𝘂𝘅 𝘁𝗲𝗿𝗿𝗶𝘁𝗼𝗿𝗶𝗮𝗹𝗶𝘁𝗲𝘀 𝗽𝗹𝘂𝗿𝗶𝗲𝗹𝗹𝗲𝘀 𝗱𝘂 𝘀𝗮𝘁𝗲𝗹𝗹𝗶𝘁𝗲 : 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝘂𝗻𝗲 𝗵𝗶𝘀𝘁𝗼𝗶𝗿𝗲 𝗽𝗮𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗺𝗮𝗿𝗴𝗲𝘀 𝗱𝗲𝘀 𝗰𝗼𝗺𝗺𝘂𝗻𝗶𝗰𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝘀𝗽𝗮𝘁𝗶𝗮𝗹𝗲𝘀
Le 4 octobre 1957, le fameux bip-bip du satellite soviétique Spoutnik déclenche la Course à l’espace. Un an plus tard, le premier satellite de communication expérimental est mis en orbite par les Etats-Unis et, à partir de 1964, des services de téléphone et de télévision par satellite sont commercialisés. Dès lors, ils ne cesseront de s’étendre pour devenir cet élément à la fois essentiel et quotidien de nos systèmes de communication. Or, la Suisse n’est pas, loin de là, une actrice de premier plan de cette histoire dominée par les grandes puissances économiques mondiales. La Confédération n’a jamais mis en place un programme spatial national et, par conséquent, jamais placé son propre satellite de communication en orbite. La perspective helvétique offre donc à l’histoire des communications spatiales une analyse qui navigue entre le centre et les marges. Depuis la Suisse, il est moins question de s’intéresser au développement de cette technologie transnationale qu’à son intégration dans un territoire donné.
Ce point de vue – croisé à une approche diachronique – permet de détricoter le mythe du « village global » annoncé par le théoricien canadien Marshall McLuhan qui entrevoyait un
aplanissement du tout par le passage à la verticalité offerte par le satellite. Si le satellite introduit une nécessaire dimension transnationale à l’analyse de l’histoire, il n’efface pour autant pas la pluralité des dynamiques territoriales et ne constitue pas une « révolution » dans l’histoire des communications. Cette présentation entend ainsi montrer que l’intégration des communications spatiales dans des histoires, des pratiques, des discours et des espaces divers répond à une logique d’influence réciproque où la continuité prime sur la rupture. À cet égard, la perspective helvétique a une valeur heuristique certaine car elle éloigne la tentation des grands récits.
𝗠𝗮𝗿𝗶𝗲 𝗦𝗮𝗻𝗱𝗼𝘇 est historienne des médias. Elle a soutenu sa thèse de doctorat sur l’histoire des communications spatiales en Suisse à l’Université de Lausanne en 2023. Depuis, Sandoz est post-doctorante au sein du projet « Operative TV: Audiovisual Closed-Circuits from the Military to the Classroom, 1930s-1990s », rattaché d’abord à l’Université de Bâle puis à celle de Lausanne. Dans ce cadre, Sandoz s’intéresse aux usages industriels de la télévision durant la seconde moitié du 20e siècle. Elle les examine au croisement de l’histoire de l’automation, de l’histoire de la logistique et de la théorie sur les images opérationnelles et les médias utilitaires. Sandoz a publié des articles autour de l’histoire des médias (en Suisse), contribué à l’ouvrage History of the International Telecommunication Union (Balbi et Fickers (eds), De Gruyter, 2020) et co-édité un numéro de la revue Transbordeur. Photographie histoire société consacré à l’histoire et aux politiques de la vue aérienne (2022). Début 2024, Sandoz a intégré le comité de rédaction de Transbordeur ainsi que le Collectif de recherche sur le télévisuel de l’Université de Lausanne.
Prochaines parutions Marie Sandoz, De l’orbite au territoire helvétique. Une histoire des communications par satellite en Suisse des années 1960 à nos jours, Neuchâtel : Alphil – Presses universitaires, 2025. Marie Sandoz, « Télévision et ordinateur au marché alimentaire de Paris-Rungis (1953-1973) : pour une histoire des images (in)opérantes », Images Secondes, no. 6, 2025.
𝗖𝗹𝗮𝗿𝗮 𝗠. 𝗥𝗼𝘆𝗲𝗿 (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), 𝗦𝗮𝘁𝗲𝗹𝗹𝗶𝘁𝗲 𝗮𝗿𝘁 : 𝗮𝗻𝗮𝘁𝗼𝗺𝗶𝗲 𝗱’𝘂𝗻𝗲 𝗰𝗵𝘂𝘁𝗲
Lorsque, le 12 juin 1971, Douglas Davis présente à la Corcoran Gallery of Art son manifeste pour une « nouvelle télévision », il ouvre la voie à deux décennies d’explorations artistiques des télécommunications, animées par l’idéal d’un réseau télé-visuel alternatif où images, sons et idées circuleraient librement. Très vite, le satellite s’impose comme catalyseur de ces ambitions, propulsant le monde de l’art dans une course à l’espace. Mais à mesure que les projets se multiplient, des tensions surgissent : le satellite porte-t-il véritablement en lui le pouvoir de révolutionner la télévision et d’en élargir les horizons, ou ne fait-il qu’en exacerber les limites ?
Tantôt célébrée comme l’emblème du miracle de la transmission universelle et instantanée, tantôt décriée comme l’expression des entraves technocratiques d’une utopie globalisante avortée, l’histoire du Satellite Art est pétrie de paradoxes. Loin de l’image d’un art populiste, divertissant et spectaculaire souvent associée aux extravagances de Nam June Paik, les usages artistiques du satellite ont aussi été le théâtre de tensions sociales, politiques et économiques. Car derrière l’utopie du global village et l’euphorie de l’ère spatiale se déploie un réseau d’artistes à l’avant-garde de l’activisme et du militantisme satellitaire, engagés dans une croisade pour faire du satellite un outil d’émancipation culturelle, au prix d’intenses batailles juridiques et diplomatiques. Ces mêmes batailles qui, d’échecs en désillusions, scelleront le destin du Satellite Art, dont cette intervention se propose de retracer l’histoire, de son ascension au début des années 1970 à son déclin dans les années 1980.
𝗖𝗹𝗮𝗿𝗮 𝗠. 𝗥𝗼𝘆𝗲𝗿 est doctorante en histoire de l’art, spécialiste des usages artistiques des télécommunications dans les années 1970-1980. Après un Master à Columbia University (NY), elle a obtenu en 2021 un contrat doctoral à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne sous la direction de Pascal Rousseau. Depuis, sa recherche a bénéficié du soutien de l’Institut National d’Histoire de l’Art, de la Terra Foundation for American Art, du Collège des Écoles Doctorales de Paris 1, ainsi que de l’Institut des Amériques. En 2024, elle a reçu la bourse « Mission recherches » des Amis du Centre Pompidou pour un projet portant sur l’art télématique dans les collections du Musée national d’art moderne.